L'histoire de Sarah
Cette page est consacrée à Sarah, agée aujourd'hui de 24 ans, qui raconte comment elle en est venue à l'Islam.


> Ma rencontre avec Allah (SWT)


A travers ce récit, un bout de mon histoire, je pense que ma rencontre avec l’Islam à un caractère tellement magnifique qu’elle mérite d’être partagée. Il y’a bien sur déjà beaucoup de récit traitant de ce sujet, mais parce que chaque histoire est unique, il m’a semblé intéressant de vous faire partager la mienne. Bien sûr, il ne s’agit que du tout début d’un long chemin dont il me reste encore tellement à parcourir inchaAllah.


> L'enfer de la solitude
 

J’ai 16 ans. L’adolescence, ces interrogations, ces doutes, ce vide. On l’appelle crise d’adolescence, je la nommerai prise de conscience. L’enfance, qui malgré son lot de blessures nous avait épargné les conflits intérieurs,  se fait de plus en plus lointaine. Je raisonne ou je déraisonne. Plus je me cherche, plus je me sens perdue. Trop de questions sans réponses. Et ce vide toujours plus grand, qu’aucune foule n’arrive à combler. J’ai la tête qui tourne, tout se trouble. Je cris de tout mon être mais personne n’entends. J’ai cherché comme bien trop d’adolescents à fuir la réalité, mais si ce n’est d’avoir déçu mon tendre père je n’y ai rien gagné. Il arrive un jour où il faut savoir faire face. Et bizarrement, pour faire face il m’a fallut partir. Quel paradoxe ! Mais quelle pire confrontation ici bas que celle que l’on a avec soi-même. 

> S’il doit y avoir une religion pour moi, ce sera l’Islam


Seule avec mes démons, j’ai commencé à réfléchir. J’avais cherché à combler ce vide mais rien n’y était parvenu. Le bilan de ma vie était plus que médiocre. Je me trouvais là, avec encore, selon les statistiques, bien des années à vivre, et ne sachant toujours pas quoi en faire. De parents chrétiens, j’avais toujours connu la religion. Et même s’ils n’étaient pas croyants, je pense qu’il y’a des valeurs qui se transmettent au-delà du culte. Dans la solitude de ma petite chambre, le soir, je priais en cachette depuis ma plus tendre enfance. J’implorais Mon Dieu. Le Seul, l’ Unique. Sans pour autant que mon cœur appartienne à une religion distincte. Au hasard de la vie,  j’avais appris à faire mes ablutions et on m’avait offert un Coran. Je ne connaissais alors de l’Islam que ce qui crée la polémique. Pourtant, en ouvrant ce Livre, j’avais dans le cœur ce sentiment que cet instant allait changer ma vie. Et j’ai lu. Etrangement, je ne me suis pas arrêtée sur les détails qui fâchent. Ces versets qui sans leur explication et sortis de leur contexte font le bonheur des détracteurs de l’Islam.


Et ceux qui traitent de mensonges Nos versets sont sourds et muets, dans les ténèbres. Allah égare qui Il veut ; et Il place qui Il veut sur un chemin droit. S6V 39. (Coran, 6 : 39
)


Ce qui m’a frappé ce sont les miracles du Coran. Ces versets qui révélés il y’a 1400 ans contiennent des trésors scientifiques découvert il y a peu.


Nous avons fait du ciel une voûte protégée, et pourtant ils se détournent de Nos signes. (Coran, 21 : 32)


Après plusieurs relectures, je n’en revenais toujours pas, la couche d’ozone ne nous protège t’elle pas des rayons néfastes du soleil tout en laissant passer les bons ? Il y a certes encore d’autres fonctions protectrices du ciel qui rendent ce verset encore plus incroyable que ce qu’il m’a parut. Et bien d’autres versets traitant de sujet tout aussi inconnu à cette époque que celui là. Mais ce seul verset sans même une explication de savant était bien assez explicite pour moi.

> La mort

Les années sont passées, je ne suis toujours pas convertie, mais je me sens musulmane plus que de tout autre confession.

Pourtant, malgré cette prise de conscience je n’ai rien changé à ma vie, si ce n’est que je ne mange plus de porc. Dans mon ignorance et de part mes fréquentations il semblerait que ce soit la pratique principale que j’ai retenue. A cet instant, je semble me complaire dans cette  situation. J’ignore encore si le vide de ces années là furent l’œuvre de sheitan où si au fond j’avais conscience du bouleversement qu’une implication plus importante dans cette religion pourrait provoquer. Mais c’était sans compter sur le rappel d’Allah. La mort ayant frappé près de ma porte, je suis bien obligée de me rendre à l’évidence que j’ignore combien de temps il me reste. Ai-je envie de rencontrer Allah dans cet état ? Les passions d’ici bas méritent t’elles qu’on s’approche de l’enfer ? J’ai envie de prier,  j’ai perdu trop de temps. Je ne pense pas qu’il faille attendre d’être quelqu’un de bien pour commencer cette adoration car comment le devenir quand tout nous éloigne de notre Créateur ?

Un arabe bafouillant, un hijab mal ajusté, je m’essai à la prière. Malgré d’innombrables imperfections, dans mon cœur je ressens toute la valeur de l’instant.  L’émotion de cette rencontre est belle est bien là. Elle m’enveloppe entièrement. J’ai trouvé ma voie.

> Le repentir

La prière m’a donné envie d’accéder au savoir,  mais plus j’apprends, plus je me sens mal. J’ai fait tant d’erreurs, l’Islam m’a changé et je n’accepte plus celle que j’ai été. Mon esprit est torturé. J’ai tant de regrets,  je prie Allah, je voudrais me réveiller des années en arrière et tout recommencer. Comment faire ? Je me sens indigne de cette religion, indigne de ces bienfaits qu’Allah m’accorde. Je ne parviens pas à m’épanouir, à me sortir de ces regrets pour aller de l’avant. Si seulement je pouvais tout effacer.

> Ma conversion 

Je fais la prière depuis six mois et bien que je dise chahada dans chaque prière, je ressens le besoin d’officialiser ma conversion. Mon rendez vous est prit, je mets mon plus beau hijab pour me rendre à la mosquée. Il n’y a pas de femme ce jour là. L’iman appel alors sa sœur. La voilà qui arrive drapée dans un voile noir, un sourire illuminant son visage. Elle se prénomme Amina. Nous parlons, sans tenir compte du temps qui passe nous évoquons mon cheminement. Je me sens très à l’aise. L’islam contient un trésor, cette religion rapproche les cœurs. L’heure de ma conversion arrive. J’ai le cœur qui bat, une forte émotion m’envahit. Je répète après l’imam « achadou an lah » « ilaha ilalah » « wa achadou anna mohammadan rassouloulah ». A cet instant Amina me dit « Tous tes péchés sont effacés, tu repars à zéro ». Cette phrase m’atteint en plein cœur. Allah à répondu à mes prières, ce poids qui m’empêchait d’avancer n’est plut. Je fonds alors en larmes, mon émotion est telle qu’elle se met elle aussi à pleurer. L’imam fait des du’as pour moi mais je n’ai même plus la force de dire « amîn ».

A cet instant, tout ce qui était négatif devient positif. Ce qui n’était hier que souffrance et obstacles à mon épanouissement personnel devient aujourd’hui reconnaissance. Une reconnaissance telle que plus jamais je n’enlèverai mon voile à partir de cet instant. C’est pour moi une deuxième chance que je ne veux pas gâcher. J’ai tant pleuré, tant implorer pour effacer mon passé qu’aujourd’hui je veux profiter de ce merveilleux cadeaux.


> Le hijab : un choix envers et contre tous

Ma décision est prise, à vrai dire elle s’est imposée à moi comme une évidence.

Depuis mon retour de la mosquée, je ne peux plus sortir  sans me couvrir. Comment trahir mon Seigneur, comment lui désobéir après qu’il m’ait tant donné ?

Une chose s’impose alors, une des discutions les plus difficiles de ma vie. Annoncer à l’homme que j’aime le plus au monde, à celui qui m’a donné toutes ses valeurs auxquelles j’adhère désormais à travers l’Islam, que j’ai choisi de me voiler. Dans notre société, le voile est perçu comme une soumission, comme une offense à toutes ses femmes qui se sont battues pour nos droits, pourtant il est ma liberté, et la pudeur est pour moi une protection. Je suis consciente des sacrifices que je devrais faire pour honorer cette décision et je suis prête.

Le moment opportun est arrivé, nous sommes seuls, il faut que je me lance. J’ai le cœur qui bat la chamade. Un timide « papa, il faut que je te parle » et la discussion s’engage.

Avec mon père, nous avons toujours eu une relation unique, un lien au-delà du visible. On se comprend sans même avoir besoin de parler. Il sait que je suis une forte tête et quand j’ai décidé une chose, rien ne peux plus m’en dévier. Il se contentera alors de me rappeler les contraintes auxquels je vais me heurter,  et bien  qu’il ne soit pas d’accord avec ce choix il le respectera. 

Demain je dois partir en voyage, ma famille est un peu éloignée et je pars les visiter.  Personne n’est au courant pour mon hijab même si tous savent que je suis convertie. J’ai une boule au ventre mais j’ai confiance en Allah et je prie pour que tout se passe bien. L’accueil est très mitigé, on me dit « t’était tellement jolie avant », « tu ne trouveras jamais de travail » et quelques réflexions du genre mais hamdoulilah dans l’ensemble tous se passe bien. Ils me connaissent je ne suis pas du genre influençable. Plus rien ne pourra me dévier.

Les vacances se terminent, reste une dernière étape : le lycée. J’ai beaucoup pleuré, beaucoup imploré, mais toujours pas de solutions. Personne ne me comprendra, mais malgré le peu de temps que je porte le voile je suis désormais incapable de l’enlever. Je décide le cœur déchiré de diviser mon hijab en deux, une partie que je noue en chignon et que je garderai avec l’aide d’Allah , et une autre pour recouvrir la tête que j’enroulerai autour de mon cou une fois au lycée. Le jour J est arrivé, je prends mon bus où je rencontre mes copines. Je peux lire l’étonnement sur leur visage. Bien que la majorité soit de confession musulmane, elles me font part de leur incompréhension. Je n’en attendais pas moins et cela ne me touche point. Par contre, ce qui m’attend sera bien plus douloureux : laisser une partie de ma religion aux portes du lycée. Je me dépêche, je baisse les yeux, c’est tellement dur. Hamdoulilah, il ne me reste que trois mois avant le bac. Le temps passe, de plus en plus de personnes se posent des questions, je dois me faire discrète et je suis de moins en moins présente. Les filles de ma classe me détestent. Je m’assois seule à chaque cours. Les musulmanes du lycée me voit comme une privilégiée, « la française qui à tous les droits ». Elles ignorent la traque dont je suis victime. La principale veut me voir à tout prit,  je suis une criminelle en liberté.  Cours de philosophie, j’ai beau être la première de la classe dans cette matière, le professeur m’interpelle et me demande de me découvrir. Devant mon refus, il me demandera de sortir de la classe. Je m’exécute, ‘mes camarades’ jubilent. Aujourd’hui ils pensent peut être qu’ils m’ont humilié, mais je patiente avec en mon cœur la certitude qu’un jour, j’en serai fière et qu’eux le regretteront amèrement.


> Le bac

Le jour du baccalauréat est arrivé. Il aura lieu au sein d’un lycée catholique. Plus de laïcité, je vais enfin pouvoir mettre mon hijab dans toute son intégralité. Dans la cour, je discute avec les deux amies qu’il me reste quand une surveillante m’interpelle m’exhortant à me découvrir. Je suis interloquée. Sous quel prétexte dans un lycée catholique, par conséquent non laïque peut-on me demander de me découvrir ? Elle me répondra qu’il s’agit d’un lycée catholique. Me voici dans le bureau des surveillants. Hamdoulilah un coup de téléphone suffira, cette législation  s’applique uniquement aux étudiants de ce lycée et non aux personnes de l’extérieur. Les épreuves défilent, je dis Bismilah en ouvrant chaque sujet.

Les jours ont passé,  j’ai le trac comme tous les lycéens je pense. J’ai tellement envie de prendre ma revanche sur toutes les personnes de ma classe qui souhaitait que j’échoue. J’ai tellement peur de ne pas l’avoir et de croiser ces mêmes personnes que j’envoi mon père à ma place. Il revient, le regard déçu puis en esquissant un sourire me dit  tu l’as eu avec mention. Et là il éclate de joie, il est si fier. C’est merveilleux.

> La lettre

La vie reprend son court et comme si Allah ne m’avait pas suffisamment comblée, mon père revient un jour avec dans ces yeux une fierté sans pareil et m’annonce. Tu es invité à Matignon avec les élèves qui viennent de Zone d’Education Prioritaire et qui ont le mieux réussit cela m’honore mais honnêtement je n’ai aucune envie d’y aller. Je n’affectionne pas particulièrement les cérémonies mais devant l’insistance de mon père je ne peux refuser. Je cherche alors un sens à tout cela. Et je décide d’écrire une lettre. Une lettre pour décrire ma vision de la laïcité, une laïcité qui cherche à faire accepter la différence de chacun plutôt que de l’effacer. A cette époque c’est Dominique De Villepin qui est premier ministre, il nous reçoit et après un très joli discours c’est le moment de la photo. Alors qu’il remonte les escaliers du perron je me faufile entre les personnes et après un timide et bref « je vous ai écrit une lettre » je lui tends l’enveloppe qu’il met dans sa poche. Bien qu’il y figure mes coordonnées je ne recevrais jamais de réponse.

> Le temps des épreuves 

Entre temps, hamdoulilah je me suis mariée et j’attends une petite fille. Nous avons trouvé un petit appartement et mon mari à un travail de nuit. Un jour, comme tous les autres mon mari part au travail mais cette fois il ne rentrera pas.  Un coup de fil de la police, mon mari à fait un malaise sur la voie publique et à été conduit aux urgences. J’appelle mon père et nous le rejoignons. Lorsque j’entre dans la salle, au premier regard je sais que c’est grave. Il souffre d’une paralysie faciale et ces propos sont incohérents. Après une longue attente on m’apprend qu’il s’agit d’un Arrêt Vasculaire Cérébrale. Devant mon impassibilité, mon père tente de me faire réagir, il ne peut se rendre au travail tant il est affecté et inquiet devant ma réaction, il pense que je ne réalise pas. Le lendemain, le professeur m’apprend que le pronostic vital est engagé et qu’à défaut de vivre mon mari sera handicapé. Les larmes montent, je ne peux les retenir.  Pourtant bien que mon père insiste pour que je vienne chez lui je préfère rentrer chez nous. Dans notre petit appartement sans chauffage, ni eau chaude en ce mois de décembre, il règne pourtant une chaleur, celle de l’intimité entre moi et mon Créateur, celle de l’espoir. Je n’oublierais jamais cette période,  et bien que cette épreuve fut la plus dure que j’ai connue, ces nuits passées en prières,  cette confiance que j’ai placé en Allah, la douceur de la sourate Ya-sin que je récitais sans cesse me la font regretter. Jamais dans vie je n’ai été aussi proche de Dieu et lorsque ma foi vient à baisser c’est à ce souvenir que je me raccroche. Les jours ont passé et le miracle à opéré. Deux semaines plus tard il remarchait machaAllah et c’est sans aucune séquelles qu’il à quitté le service. En ce jour de vendredi, je m’étais rendu à la salat al jumu’à comptant sur mes du’as pour qu’il sorte. Et c’est en sortant de la mosquée et en rallumant mon téléphone que j’ai trouvé un message me demandant de venir rechercher mon mari. Un sourire en regardant le ciel, je savais que j’avais été écoutée.

> 24 ans, mariée, 2 enfants et un bonheur sans pareil

Les années ont passé, le temps à encore raffermit ma foi. Aujourd’hui je porte le jilbeb fièrement. Plus personne ne me demande de faire des concessions sur ma religion car j’exerce le plus beau métier du monde : femme au foyer. Chaque matin, je me réveille auprès d’un homme pieux, un homme qui m’aime et que j’aime d’un amour sans pareil. L’amour en Allah. Un amour emplit de douceur, de patience, et de compréhension. Alors arrive une petite fille pleine de vie machalah, avec de grands yeux verts et des boucles blondes pour sauter sur le lit et venir chercher une pluie de baisers. Je vais alors chercher la toute petite pour le biberon-calin du matin. Et voici comment le soleil se lève sur notre maison. Les jours défilant au rythme des prières.

Un jour mon père m’a dit, à ceux qui me demandent comment j’ai pu te laisser faire cela, en parlant du hijab, je réponds que tu n’as jamais été aussi heureuse qu’aujourdh’ui et que c’est tout ce qui m’importe.

Bien sur, je suis encore très jeune, et certainement bien des épreuves m’attendent mais avec l’aide d’Allah je sais désormais que tout est surmontable. Je suis forte de cette foi qui me porte encore et encore. Et aucun mot ne saura décrire la reconnaissance que j’ai envers mon Créateur. Al hamdoulilah, Al hamdoulilah, Al hamdoulilah.

 
Sarah, ton histoire est merveilleuse MashaAllah. J'ai eu du plaisir à la lire.
Tu as fais le bon choix ma soeur. Que Dieu SWT te protège toi et ta famille ainsi que tous les musulmans InshaAllah. Amiiine.


 
 
 
 

 
 



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